Le jeudi 5 juin 2025, l’Assemblée nationale française a voté une résolution historique pour « examiner le processus de restitution de la double dette imposée à Haïti » en 1825, lors de la reconnaissance de son indépendance par le roi Charles X.

Protesters with sign ans flags in Paris in France May 3, 2025. A demonstration by the Haitian community in Paris was organized between Place de la Republique and Place de la Nation to demand peace in Haiti. (Photo by Daniel Perron / Hans Lucas via AFP)

Jeudi 5 juin 2025, l’Assemblée nationale française a adopté une proposition de résolution historique visant à « étudier le processus de restitution de la double dette imposée à Haïti » en 1825, lors de la reconnaissance de son indépendance par le roi Charles X. Ce texte, porté par le groupe Gauche démocrate et républicaine (GDR), a été voté par 53 députés contre 9, principalement issus du Rassemblement National (RN) et de l’Union de la droite républicaine (UDR).

Qu’est-ce que la « double dette » d’Haïti ?

La « double dette » fait référence à deux niveaux d’endettement imposés à Haïti :

  • L’indemnité de 150 millions de francs-or, exigée par la France en 1825 pour compenser les anciens colons français de la perte de leurs « biens » (y compris les esclaves) après l’indépendance d’Haïti. Cette somme, équivalente à plusieurs années du PIB haïtien, a été réduite à 90 millions en 1838.
  • Les emprunts contractés par Haïti auprès de banques françaises à des taux très élevés pour payer cette indemnité, ce qui a plongé le pays dans une spirale d’endettement durable jusqu’au milieu du XXe siècle.

Contenu et portée de la résolution

  • Reconnaissance de l’injustice : le texte demande au gouvernement de reconnaître publiquement l’injustice coloniale commise à l’encontre d’Haïti et d’en évaluer les conséquences sur le développement du pays.
  • Étude des réparations : il invite à envisager des formes de réparation, sans toutefois imposer une restitution financière immédiate.
  • Commission indépendante : la résolution recommande la création d’une commission indépendante pour soutenir les démarches mémorielles et les initiatives de justice réparatrice entre la France et Haïti.
  • Avancée symbolique : la résolution n’a pas de valeur contraignante pour l’exécutif, mais elle marque une évolution notable dans la reconnaissance institutionnelle de la dette historique envers Haïti.

Réactions et contexte politique

  • Le gouvernement, par la voix du ministre chargé de la Francophonie, a émis un « avis de sagesse », laissant la porte ouverte à une réflexion approfondie.
  • Le président Emmanuel Macron avait déjà annoncé en avril 2025 la création d’une mission de mémoire conjointe France-Haïti, présidée par des historiens, mais sans engagement sur des réparations financières.
  • Certains députés, notamment du RN, ont dénoncé un « précédent dangereux » pour la diplomatie française, craignant l’ouverture de revendications similaires par d’autres anciennes colonies.

Conséquences historiques de la double dette

L’imposition de cette dette a eu des effets économiques et politiques dévastateurs sur Haïti, freinant durablement son développement et l’ancrant dans une dépendance économique persistante, dont les conséquences sont encore visibles aujourd’hui. La Fondation pour la mémoire de l’esclavage qualifie cette charge de « double dette » : une indemnité injuste doublée d’une dette bancaire ruineuse.

Conclusion

La résolution adoptée par l’Assemblée nationale constitue un geste politique et mémoriel fort, relançant le débat sur la responsabilité historique de la France envers Haïti. Elle ouvre la voie à une réflexion nationale et internationale sur la restitution, mais sans garantie à ce stade d’une compensation financière concrète.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *